Rosalie Boucher et Christophe Moret : la nouvelle garde des Crayères à Reims

Rosalie Boucher Christophe Moret Les Crayères

À 32 ans, Rosalie Boucher s’affirme comme une cheffe pâtissière à suivre. Après sept années aux côtés de Cédric Grolet au Meurice et une expérience enrichissante chez Claire Damon, Des Gâteaux et du Pain, elle a rejoint l’équipe des Crayères à Reims dans l’équipe du Chef Exécutif Christophe Moret

Rosalie Boucher, un nouveau talent pâtissier à découvrir

Elle a grandi dans les tabliers de son père, chef cuisinier. Elle prend ensuite un autre chemin, celui de la médecine en tant qu’étudiante. Rosalie choisit ensuite de revenir à ses premières amours : la cuisine. Après sept ans passés aux côtés de Cédric Grolet au Meurice, où elle a appris l’exigence et le détail, puis chez Claire Damon, avec qui elle a cultivé une pâtisserie raisonnée et élégante, elle signe aujourd’hui ses propres créations aux Crayères, à Reims aux Côtés de Christophe Moret, chef exécutif.

L’essentiel, tout simplement

Rosalie va l’essentiel. Trois ingrédients suffisent à raconter une histoire. « J’aime que l’on sache ce que l’on déguste dès la première cuillère », murmure-t-elle. Pas de superflu, pas d’excès. Juste des saveurs sincères et un équilibre précis. De cela, en atteste sa crème brûlée de cacao mêlant menthe et agastache fraîchement cueillies dans le potager des Crayères au croquant subtil du chocolat noir.

Une pâtisserie de terroir et de saison

Reims inspire Rosalie. Les vignes, les rencontres avec les producteurs, les saisons. Tout ce qui l’entoure nourrit sa créativité. Son gâteau au seigle, par exemple, reflète cet attachement au terroir. «J’aime qu’il y ait une cohérence entre ce que l’on déguste et l’endroit où l’on se trouve », confie-t-elle.

Rosalie ne s’arrête pas à l’assiette. Aux Crayères, elle crée aussi les viennoiseries pour le petit-déjeuner. Veille aux attentions en chambre ou encore les mignardises de saison. Avec sa brigade de douze personnes, elle imagine, dessine et façonne chaque dessert pour qu’il soit unique.

Une cheffe ambitieuse et rigoureuse

Sa pâtisserie est directe. Inspirée de la mémoire collective, elle revisite des classiques comme le Paris-Brest ou l’île flottante, en y ajoutant sa touche personnelle, toujours guidée par le goût.

Ambitieuse sans trop en faire, Rosalie s’appuie sur ce que ses mentors lui ont appris. Aujourd’hui, elle trace son propre chemin, tout en cultivant cette exigence discrète qui fait sa signature.

Rosalie Boucher Christophe Moret Les Crayères

Christophe Moret : l’héritage revisité aux Crayères

Chef exécutif du Domaine Les Crayères, Christophe Moret fait souffler un vent nouveau sur cette maison iconique de Reims. Aux commandes du restaurant gastronomique Le Parc, auréolé de deux étoiles Michelin, et de la brasserie Le Jardin, détenteur du seul Bib Gourmand de la ville, il cultive une double vision : l’excellence et l’accessibilité.

L’émotion avant tout

Pour Christophe Moret, la technique est un moyen, pas une finalité. « Le savoir-faire doit être au service de l’émotion et non de lui-même », explique ce cuisinier du goût, connu pour sa rigueur, sa générosisté et sa sensibilité. Ancré dans l’héritage de la gastronomie française, il ne craint pas d’y ajouter sa touche personnelle, ouverte sur le monde et le végétal qu’il magnifie depuis des années.

Fidèle à ses fournisseurs, il cherche le meilleur des produits locaux, à l’instar de son feuille à feuille de foie gras, travaillé avec des champignons cultivés dans des carrières voisines. Il n’hésite pas à puiser dans ses souvenirs de voyage, notamment en Asie, pour enrichir ses plats. Son fameux ourcin-caviar, sublimé par une nage de bonite fumée, ou son Chawanmushi, une royale revisitée sans beurre ni crème, en sont des exemples parfaits.

Une cuisine vivante et instinctive

Aux Crayères, Christophe Moret prône une cuisine qui respire, sans se soucier des techniques ultra-sophistiquées. « Je préfère le goût d’une cuisson en cocotte et du risque, aux cuissons sous-vide. » Poissons confits à basse température, légumes en papillote, pigeons rôtis sur leur carcasse… Il remet au goût du jour des méthodes authentiques qui privilégient l’instantanéité et la chaleur du geste

Cette philosophie se retrouve aussi dans la complicité qu’il instaure avec ses équipes. Pour lui, un bon restaurant est une œuvre collective. De la brigade à la sommellerie en passant par le service en salle, chacun participe à cette harmonie, jusqu’aux 1 200 références de champagne, minutieusement accordées à chaque plat.

Le Jardin : un terrain de jeu végétal et convivial

À la Brasserie Le Jardin, Christophe Moret insuffle une cuisine spontanée, inspirée par la cueillette locale. Ici, les saisons dictent le rythme : ceviches, plats à partager, et découpes en salle (comme une côte de cochon ou un turbot) .

Sous la direction de Christophe Moret, Les Crayères incarnent l’art de vivre à la française tout en s’inscrivant dans leur époque. Ce chef, que nous avions eu la chance de rencontrer au Shangri-La, souriant et accessible, à la fois ferme et curieux, réinvente avec finesse cette institution reimoise.