Livre, La vie de Bistrot de Pierre Boisard

Le bistrot avec un « t » fait partie intégrante de mon quotidien depuis mon plus jeune âge. Petite et ado, j’y jouais au flipper avec mon père, sirotais des diabolos avec mes amis. Quelques années plus tard et encore aujourd’hui, j’y bois mon café plusieurs fois par semaine. J’y organise des rendez-vous, écris des billets. J’y lis le journal et me laisse tenter ponctuellement par un plat marqué à l’ardoise lorsque sonne l’heure du déjeuner ou du diner.

Un jour, lors de l’une de mes fouilles quasi archéologiques, dans une librairie parisienne pour tenter de trouver un nouvel ouvrage capable de nourrir ma soif de culture gastronomique, je suis tombée sur La vie de Bistrot aux Editions puf

La lecture de quelques lignes achevée, l’achat fut convenu.

le livre

La Vie de Bistrot dresse avec une bienveillance toute sociologique et emphatique la bio de l’illustre institution parisienne grâce au parcours de vie de plusieurs « bistros« , tenanciers originaires d’Auvergne.

[su_quote] le bistrot est une création Auvergnate et un don des auvergnats à Paris, ville où ils se son révélés à eux-mêmes [/su_quote]

Pierre Boisard donne vie à ses propos grâce au témoignage d’ Yves, propriétaire du Martignac, un authentique bistrot auvergnat situé rue de Grenelle.
L’homme lui livre son histoire personnelle et son opinion sur ceux et celles qui selon lui embourgeoisent l’institution, la galvaudent.

[su_quote]beaucoup trop (de bistrots) se ressemblent et sont impersonnels (…) il y a une trentaine d’année, les bistrots sont devenus des investissements financiers[/su_quote]

Le bistrot chic est devenu branché mais pour les vrais bistrotiers, limonadiers et autres, il s’agit bel et bien d’un oxymore car « l’on ne peut être bistrot et chic »

Exit la vente d’eau, de charbon ou de vin mouillé, le sociologue nous apprend que ceux qui parviennent à perpétuer la tradition, tireront finalement leur principale source de revenus de la restauration. Malgré cela, la vocation est toujours là et certains continuent à assurer, hors de ce créneau horaire, leur mission de débit de boisson et de lieu d’échange basé sur le sacro-saint principe de lieu populaire.

[su_quote]ici le client est respecté mais n’est pas roi[/su_quote]

L’ensemble est documenté de faits historiques et recherches littéraires à propos.

Un très joli livre pour les fans de zinc, de vie parisienne, de Paris populaire, de Paris humain, de Paris qui bosse dur, de Paris qui fait la fête. Hemingway, Hugo, Queneau, Camus, Vian, Maupassant, Zola et ce joli ouvrage consacrent cette institution qu’il nous faut sauvegarder autant que faire se peut.

[su_quote]Cet esprit bistrot si particulier qui nous incite tous les jours à faire un détour pour une halte dans la course permanente à laquelle nous nous astreignons sans vraiment savoir pourquoi » Pierre Boisart. [/su_quote]

l’auteur

Sociologue, Pierre Boisard est un observateur attentif du monde du travail (dans Le Nouvel Ege du travail, 2009) et des choses de la table (dans Le Camembert, mythe français, 2007).