Entretien avec Mercotte, la pâtisserie sous influence
Interview Mercotte
Après Pierre Hermé le pâtissier, Franck Lacroix le journaliste, rendez-vous avec Mercotte, la blogueuse, l’animatrice TV, la chroniqueuse radio, l’auteur et même ex co-pilote de rallye auto (mais oui)... pour discuter sucré !
Comme mes précédents invités, sa culture, son savoir-faire, son goût du partage et ses paroles ont une indéniable influence auprès des amoureux de pâtisserie . Confinée chez elle, Mercotte répond à mes questions.
le confinement à t-il eu une influence sur vos activités trépidantes et sucrées
Bien sur !
Il m’a permis de redécouvrir ma maison au printemps. Je suis rarement chez moi à cette époque. J’ai pu revoir la nature s’éveiller et je me suis r-é-g-a-l-é-e.
Le tournage de la saison 9 du Meilleur Pâtissier est quant à lui repoussé, probablement à cet été. On croise les doigts.
Concernant la radio, j’ai découvert l’appli « Report it ». C’est super ! J’interviens de chez moi lors des directs de l’Assiette Savoyarde de France Bleu Pays de Savoie avec Serge Carbonell.
Pour le reste, jury, interventions lors de manifestations, tout est ou a été bien entendu annulé ou, là encore, différé à l’année prochaine, comme le Concours International du Macaron Amateur ou le Festival Bernard Loiseau à l’île Maurice. C’est ballot mais c’est comme ça.
la pandémie a t-elle eu selon vous un impact sur la pâtisserie ?
Tout le monde s’est mis à pâtisser à la maison. Les plus grands chefs ont réalisé des recettes spécialement étudiées pour le grand public, facilement réalisables avec peu de choses. Ils étaient tous là : Christophe Michalak, François Perret, Cyril Lignac et même Pierre Hermé en Corse pour n’en citer que quelques-uns.
J’espère que cette nouvelle habitude de « fait maison » va perdurer après cette période.
Malgré le confinement, les réseaux sociaux ont aussi probablement permis au grand public de découvrir des talents et des pâtissiers de leur région qu’il ne connaissait peut être pas et qui, je l’espère lui donnera envie d’aller tester leurs boutiques . Je pense par exemple à Maëlig Georgelin et à d’autres qui font quasiment chaque jour des vidéos.
J’espère, également, au regard de ce que viennent de vivre nos artisans pâtissiers chocolatiers, qui pour beaucoup vont avoir une année catastrophique, que tout le monde continuera à les solliciter pour les occasions importantes.
sortons du contexte COVID, pensez-vous que les gens pâtissent plus chez eux qu’il y a quelques années ?
Ah oui c’est une certitude ! Toutes les émissions de pâtisserie dont bien sûr le Meilleur Pâtissier marchent très bien, les gens refont les gâteaux se lancent des défis, créent des groupes Internet pour commenter en direct lors des diffusions etc… La pâtisserie est devenue limite plus importante que la cuisine. Elle rassure, elle donne du plaisir.
vous êtes la blogueuse sucrée la plus suivie et prolifique de la toile. Quel le rôle ce médium a t-il joué dans l’univers de la pâtisserie ?
Je ne pense pas être la blogueuse la plus suivie, loin de là, en revanche une des plus anciennes ça oui !
Nous avons contribué je pense à démystifier la pâtisserie. Nous avons démontré qu’elle peut être accessible à tous et d’ailleurs les lecteurs sont de plus en plus pointus. Ils utilisent le même matériel et les mêmes produits que les professionnels. Ceci aussi a beaucoup participé au développement de la pâtisserie à la maison. Des sites comme Cook-shop que je parraine depuis le début ont su mettre à la portée de tous, et dans des conditionnements, adaptés des ingrédients comme le chocolat Valrhona par exemple, que l’on ne trouve pas dans le commerce traditionnel, les diverses pectines ainsi que le matériel spécifique. Bref tout, tout ce que l’on cherche et ça marche.
d’où vous viennent votre sens du goût et du bien fait ?
Le sens du goût vient de mon éducation. J’ai vécu dans une famille gourmande et qui appréciait les bonnes choses.
Le bien fait lui vient de mon tempérament perfectionniste et surtout de mon admiration pour le travail des artisans pâtissiers chocolatiers que je soutiens et que j’essaie de faire connaître au travers de leurs recettes, de leurs boutiques et de leurs livres à la fois sur mon blog et dans mes chroniques à la radio.
quels éléments clés influencent, selon vous, le succès d’un chef par rapport à un autre ?
Difficile, de dire… Peut-être son empathie, sa façon de communiquer, sa simplicité, le fait de ne pas avoir la grosse tête et de paraître inaccessible et forcément son talent !
Je vais parler de celui que je connais le mieux : Cyril (Lignac). Quand on voit ce qu’il fait chaque jour en direct de chez lui avec tellement de naturel, de simplicité, d’amour du partage, d’émotion on comprend qu’il fédère tant de monde, qu’il soit si populaire. Dans mon village les gens m’arrêtent quand ils me croisent lors de ma marche pour me dire qu’ils l’adorent, que tous les soirs ils cuisinent avec lui que c’est un mec génial et je leur dit qu’il est comme ça dans la vraie vie. Il est normal !.
à la radio, sur France Bleu pays de Savoie ou à la TV comment faites-vous vos choix éditoriaux ?
A la radio j’ai la chance d’avoir une grande liberté. Je parle de ce qui me passionne, les livres, les chefs, les évènements, les voyages découvertes de produits ou techniques, les astuces, les salons, les concours, bref éveiller la curiosité des auditeurs leur donner envie.
Pour la télé c’est différent. j’ai à mes côtés une équipe rédactionnelle qui travaille d’arrache-pied pour coller aux thèmes et sans cesse se renouveler ce qui est de plus en plus difficile chaque saison …
quelle idée derrière le challenge catholique des gâteaux « oubliés du Meilleur Pâtissier ?
Le message c’est de bien lire la recette !
En réalité c’est de donner envie de regarder un peu vers le passé de redécouvrir des recettes oubliées, d’essayer quand même de les adapter avec moins de sucre.
les influenceurs : un avis sur ce phénomène ?
Je n’ai pas d’idée particulière là-dessus. Les jeunes générations vivent au travers des réseaux sociaux. Je pense que c’est une nouvelle façon de faire de la publicité quelque part, et de diffuser l’information et de communiquer. Je suis certes présente sur les réseaux sociaux, avec beaucoup d’abonnés mais je ne les monétise pas.
Disons que c’est un peu pour faire comme tout le monde et pour m’adapter à la communication moderne mais c’est tout. Je n’ai pas d’idée bien arrêtée là-dessus ça ne m’intéresse pas vraiment !
comment réveiller les papilles neurasthéniques de certains de nos compatriotes ?
Le fait de voir que finalement ce n’est pas si difficile de faire du « fait maison » que l’on sait ce que l’on met dans les plats à l’heure du manger sain et le fait aussi que cela soit plus économique que d’acheter du tout prêt
J’espère que le travail fourni par les artisans, basé sur la qualité va payer. Je pense d’ailleurs que le public est de plus en plus informé et que c’est ce qu’il recherche, consommer un peu moins mais meilleur.
La pâtisserie artisanale s’adapte aussi aux tendances. Il est intéressant d’écouter le podcast Business of bouffe avec Pierre Hermé et Christophe Michalak.
le mot de la faim ?
La pâtisserie artisanale va de plus en plus, avec la crise, modifier ses façons de faire. Peut-être fera-t-elle même faire perdurer le click and collect. Elle doit évoluer pour satisfaire une clientèle différente qui demande du vegan, de la gourmandise raisonnée. Bref notre pâtisserie vit avec son temps et c’est très bien.
Je suis certaine qu’elle a encore de beaux jours devant elle.
Et pour ceux qui n’auraient pas encore commandé en ligne, je vous conseille la toute nouvelle recette de Mercotte : une confiture Framboise, hibiscus, verveine élaborée avec La Confiture Parisienne