Sélection France du Bocuse dOr – Florent Suplisson, GL Events, nous parle du concours
Sélection France du Bocuse d???Or – Florent Suplisson, GL Events, nous parle du concours
Quel sera le prochain chef cuisinier français à se battre « corps et âme » au prochain Bocuse d’Or* en janvier 2021 ?
Qui incarnera l’équipe nationale lors de la sélection européenne, nous qualifiera pour la finale et nous fera renouer, on l’espère, avec les plaisirs du podium ?
Le premier niveau du concours est lancé.
Avant d???atteindre les sélections continentales puis internationales, voici venu le temps des nationales. La 11ème sélection France du Bocuse d’Or aura lieu les 23 et 24 septembre prochains à la Maison de la Mutualité à Paris.
Huit prétendants dont un seul représentera notre pays à l’issue de ces deux jours.
Echange et explications de textes avec Florent Suplisson, GL Events Exhibitions
My Little Recettes : qu’est ce que le Bocuse d’Or pour ceux qui l’ignorent ?
Florent Suplisson : il s’agit d’une compétition culinaire créée en janvier 1987 par Paul Bocuse. Ce concours a dépoussièré le genre en empruntant les codes des plus grands évènements sportifs.
Apprécié comme sans doute le plus grand concours mondial culinaire, il réunit, tous les deux ans, 24 jeunes chefs finalistes du monde entier, parmi les plus prometteurs et les met au défi de réaliser des plats en 5h35 devant les médias et un public. C’est un véritable show culinaire avec des supporters passionnés venus des quatre coins du monde.Le Bocuse d’Or est aujourd’hui présidé par Jérôme Bocuse, le fils de Monsieur Paul.
MLR : la première étape de ce concours est donc celle des séléctions nationales ? avant ce grand jour chaque pays commence son parcours par choisir son candidat ?
FS : tout à fait, chaque pays doit d’abord choisir son candidat. Aujourd’hui nous lançons officiellement la sélection France du concours. Ils étaient 60 à se présenter sur dossier. 20 ont été short-listés. 8 ont finalement été retenus par le Comité National d’Organisation.
8 candidats français, 5h d’épreuves ; 1 seul sélectionné.
Vous ne les connaissez pas encore, sauf si vous êtes dans le circuit et pourtant ils postulent pour défendre les couleurs de notre pays sur la scène internationale. Le challenge à relever pour le vainqueur ? Représenter la team France et parvenir à détrôner les pays nordiques qui ont fait main basse sur les trophées en 2019.
Voici leurs noms.
John Argaud Le Meurice – Paris (75) – Grégory Borokowski Grand Parc du Puy du Fou – Les Epesses (85) – Guillaume Galy Ecole Lenôtre – Plaisir (78) – Julien Guénée Automobile Club de France – Paris (75) – Gilles Leninger Le Jardin Secret – La Wantzenau (67) – Romain Masset Régis & Jacques Marcon – Saint-Bonnet-le-Froid (43) – Tom Meyer Pic – Valence (26) – Davy Tissot Saisons – Ecully (69)
MLR : que devront cuisiner nos candidats pour cette sélection France ?
FS : le lapin pour l’épreuve du plateau. Les chefs devront utiliser tous les morceaux de deux lapins, à l???exception des têtes, ainsi que 3 garnitures. Une devra être réalisée à partir des abats et constituer une préparation chaude pour 8 personnes dressée sur un plateau,
L???artichaut, a lui été choisi pour l’épreuve de l’assiette. Froide ou chaude, l’entrée devra être cuisinée pour 8 personnes et de 3 façons différentes au minimum.
MLR à qui revient le choix du futur représentant de la France ?
FS : à La Présidence du concours Team France 2019 assurée par Matthieu Otto – Auberge Saint-Walfrid – Sarreguemines / Président du Jury – Kenneth Toft-Hansen – Svinkløv Badehotel – Danemark / Président d’Honneur et Serge Vieira – Restaurant Serge Vieira – Chaudes-Aigues / Président de la Team France.
…au Jury Cuisine ceux qui observent les candidats à l’oeuvre : Romuald Fassenet – Château de Montjoly – Sampans – Philippe Joannes – Société des Bains de Mer (Monaco) – Eric Pras – Maison Lameloise – Chagny – Christophe Quantin – Alain Ducasse Education – Argenteuil.
…et au Jury Dégustation ceux qui goutent sans avoir vu les candidats travailler. Ils sont chargés de noter la présentation, le goût, la cuisson, le respect du produit et l’originalité : Christophe Aribert – Maison Aribert – Saint-Martin d’Uriage (38) – Mauro Colagreco – Mirazur – Menton – Alexandre Couillon – La Marine – Noirmoutier – Amélie Darvas – Aponem – Vailhan – Florent Ladeyn – Auberge du Vermont – Boeschepe – Tabata Mey – Les Apothicaires – Lyon -Fabrice Prochasson – Directeur de la création et de l’innovation, Aryzta Franck Putelat – La Table de Franck Putelat – Carcassonne – Marie Soria – Potel & Chabot – Paris – Mathieu Viannay – La Mère Brazier – Lyon.
MLR : quels challenges devra relever notre candidat national une fois sélectionné ?
FS : la France a un avantage naturel. Elle joue la finale à domicile tous les deux ans à Lyon. En contrepartie ceci impose aussi une responsabilité très pesante.
Il va lui falloir être curieux, re-pousser les limites. Il devra s’intéresser à tout ce qu’il se passe sur la scène mondiale. Notre pays est certes celui de la cuisine par excellence mais notre culture culinaire et gastronomique nous enferme encore. La France aime bien donner l’exemple – sourire. Je force le trait- sourire. On ne peut malheureusement pas gagner le Bocuse d’Or sans une ouverture totale.
Nous sommes d’excellents techniciens, sans doute les meilleurs, mais la technique est un accès à la créativité. Elle ne fait pas tout.
Nous devons aller voir plus loin côté création.
MLR : la domination des pays nordiques sur la scène mondiale est sans appel. Pourquoi ne sommes nous plus sur le podium ?
FS : Les pays nordiques, ainsi que d’autres d’ailleurs, sont plus libres que nous. Prenons l’exemple de Rasmus Kofoed, chef danois. Il est monté sur toutes les marches du podium avant de remporter l’or. Outre sa ténacité incroyable et son talent, il vient d’un pays où la gastronomie locale a été perdue puis redécouverte.
La cuisine nordique exprime des choses actuelles. Elle est libérée des contraintes liées à son héritage. Ce n’est pas encore le cas chez nous.Les candidats étrangers sont ultra impliquées et motivés. Ils veulent gagner. Ils n’hésitent pas à traverser les continents pour aller voir une sélection, travailler leur sujet et progresser. Ils prennent des risques. Ils communiquent aussi, se font connaître du grand public..
Reprenons notre historique. Oui nous avons a gagné pendant des années mais aujourd’hui nos acquis, notre promotion, notre histoire ne suffissent plus face aux autres pays. On ne peut pas rester centré sur soi et sa petite équipe pour faire un podium aux Bocuse d’Or.
MLR : comment la Team France s’organise-t-elle justement pour avancer ?
FS : par le passé, le candidat français n’a pas toujours été le patron de son équipe. L’organisation française travaille sur ce point. Elle doit laisser plus de place à son Chef.
Nos huit candidats savent que l’heureux élu devra incarner son rôle et s’entourer d’experts. A lui la charge de faire avancer sa team et de porter son projet.
Notez aussi que pour la première fois, cette année, des chefs étrangers intègrent le jury de la sélection France. L’objectif ? Nous apporter leur vision, leur recul, leur différence. Nous faire avancer.
MLR : et la communication dans tout ça ?
FS : justement nous en avons parlé aux candidats ce matin lors du kick off. Nous les avons briefés. La communication participe à un tout. Il faut avancer avec son temps. En tant que représentants de leur pays, il est important qu’ils Dynamisent leur image, qu’ils la construisent, qu’ils sachent parler d’eux.. Il ne s’agit pas de devenir une bête de com mais de bien faire les choses et de faire parler de chaque pays. Certains sont beaucoup plus dynamiques que nous sur le sujet.
La communication doit aussi servir la dimension humaine du concours. Si 67 pays participent, le Bocuse d’Or est avant tout histoire d’hommes et nous devons le faire savoir.
Une Journée kick off comme celle d’aujourd’hui en est une des illustrations. Le but ? Offrir l’opportunité aux candidats de faire connaissance entre eux mais aussi avec les partenaires, les médias
MLR : pendant toute la préparation du concours, certains candidats continuent de travailler, d’autres arrêtent. Chacun est-il libre de faire comme il veut ?
FS : absolument. Le président de la Team France Serge Vieira l’a redit ce matin. « Ce concours est votre projet, vous le menez comme vous voulez. Vous n’êtes pas salarié de la Team France. A vous de porter votre vision et d’exprimer ce que vous avez envie d’en faire. »
Dans chaque pays l’organisation peut être différente, centralisée, décentralisée. Chacun choisit sa stratégie, selon ses objectifs, sa culture.
MLR : ceci dépend également du budget de chacun. Comment les candidats le constituent-ils ?
FS : là encore ils sont extrêmement libres dans la mise en place de leur organisation financière et dans la quête du budget qui leur est nécessaire. Aucune obligation. Nous leur conseillons simplement, en toute logique, d’aller voir en premier les partenaires du concours. Ces entreprises sont naturellement très impliquées et motivées pour les accompagner.
Chaque candidat doit mouiller le maillot, montrer l’exemple, donner le ton et trouver son budget, secondé par sa Team.En cas de qualification, les opérations de soutien financier peuvent atteindre deux ans avec certains partenaires si l’on va jusqu’à la finale.
MLR : que pensez-vous des opinions liant budget et podium ?
FS : On ne gagne pas le Bocuse d’Or car on a un gros budget ! On gagne le Bocuse d’Or parce qu’on est un bon chef et un leader.
Certes il faut un minimum de budget ; certes le niveau de professionnalisation du Bocuse d’Or entraîne un certain engagement financier ; mais Le BO n’est pas une affaire de gros sous. Il en faut mais on devient BO car on a du talent, qu’on a de l’ambition et que l’on est bien entouré.
Rasmus Kofoed est monté 3 fois sur le podium. Il a consacré 9 ans de sa vie au concours. Il n’avait pas les plus gros budgets.
MLR : un mot d’ordre pour cette finale de la sélection France ?
FS : Lâchez vous les gars !! – sourire
Rendez-vous, avec nous, en direct sur les réseaux sociaux, les 23 et 24 septembre prochains pour la 11ème sélection France du Bocuse d’Or, à la Maison de la Mutualité à Paris.
*Team France, réunissant anciens Bocuse d’Or, Meilleurs Ouvriers de France, Chefs étoilés… sous la présidence de Serge Vieira.
‘