L’Art de l’Illusion : du tableau à l’assiette, le trompe l’oeil

Le trompe-l’œil, c’est l’art de la supercherie visuelle, le roi du camouflage artistique. Des toiles d’il y a des lustres aux vitrines des pâtissiers les plus branchés, cette technique ne cesse de nous bluffer. Voyage entre les pinceaux et les fouets, à la découverte de ces illusions qui nous mettent l’eau à la bouche.

Crédit Photo Pierre Monetta

L’Histoire du trompe-l’œil dans l’art : des grecs aux graffitis

Les Grecs et les Romains s’amusaient déjà à peindre des raisins si vrais que les oiseaux venaient les picorer (bon, je n’ai pas vérifié pour les oiseaux, mais l’histoire est belle). L’anecdote croustillante, c’est celle de Zeuxis et Parrhasios, deux peintres grecs qui se livrèrent une bataille artistique mémorable. Parrhasios peint un rideau tellement réaliste que Zeuxis voulu le tirer pour voir ce qu’il y avait derrière. Verdict : il n’y avait… rien ! Victoire par K.O. technique pour Parrhasios.

Andrea Mantegna, Occulus du plafond de la Chambre des Époux, Palais Ducal de Mantoue, Italie, 1465-1474

Puis, au fil des siècles, le trompe-l’œil a continué son petit bonhomme de chemin, des plafonds vertigineux de la Renaissance aux natures mortes plus vraies que nature. On pense à Andrea Mantegna et son plafond du Camera degli Sposi qui donne le vertige, ou encore aux peintres flamands qui excellaient dans l’art de la vanité. Même les surréalistes, avec Magritte en tête, ont adoré jouer avec nos perceptions. Bref, le trompe-l’œil, c’est un peu le « inception » de l’art.

René Magritte – La condition humine 1935

Le trompe-l’œil en Pâtisserie : à s’y méprendre !

Et maintenant, passons aux choses sérieuses : la pâtisserie ! Car oui, le trompe-l’œil a aussi conquis nos papilles. Après tout, pourquoi se contenter de regarder quand on peut aussi goûter ? Les entremets du Moyen-Âge étaient déjà des spectacles culinaires, mais c’est Antonin Carême, au XIXe siècle, qui a vraiment posé les bases de la présentation spectaculaire.

A notre époque, les chefs pâtissiers se jouent de ce savoir-faire et rivalisent d’ingéniosité pour nous épater.
Laurent Jeannin, impossible de ne pas citer, l’ex-chef pâtissier du Bristol et son Citron de Menton givré à l’azote. Il lança la tendance du fruit en trompe l’oeil.
Cédric Grolet, le roi des fruits plus vrais que nature démocratise le genre en le faisant connaître sur les réseaux sociaux et en les rendant accessibles dans sa pâtisserie du Meurice. Sa Noisette et sa Pomme sont de véritables sculptures comestibles. Que dire de la tasse à café de Christophe Adam pour L’Éclair de Génie ? Une illusion parfaite.
Citons également la bûche de Noel 2024 de Christophe Michalak en forme de plateau de sushis, bluffante ou encore le sublime entremets marbré de François Perret au Ritz Paris. Quentin Lechat avait quant à lui gagné le prix de la pâtisserie de la ville de Pais avec son pavé.

  • Pâtisserie trompe-l'œil
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Les trompe l’oeil ne se limitent pas à la pâtisserie, on les retrouvent aussi en chocolaterie au travers notamment des créations d’Amaury Guichon, le magicien du chocolat ou encore la gousse de vanille d’Aurélien Rivoire de la chocolaterie Alléno & Rivoire, le cigare d’Arnaud Larher.
Notons que chez les grands chefs pâtissiers, le trompe-l’œil n’est pas qu’une affaire d’apparence. Si les desserts sont incroyables à regarder, ils sont aussi merveilleux à déguster. L’illusion visuelle est là pour mettre en appétit, mais l’essentiel reste dans le goût.

Les réseaux sociaux : l’illusion à portée de clic

Avec le développement des réseaux sociaux, le trompe-l’œil pâtissier est devenu une véritable star. Cédric Grolet et Amury Guichon, maîtres d’Instagram et de Tik Tok l’on propulsé sur le devant de la scène. Les amateurs se sont ensuite lancés, avec parmi eux, de véritables maître de la discipline. Des comptes comme celui d’Angelica sur TikTok nous montrent des créations à couper le souffle. Cependant, il est important de noter une différence majeure : sur les réseaux sociaux, on admire l’esthétique, on s’émerveille de la technique, mais on ne peut pas goûter. On assiste à un spectacle visuel, certes impressionnant, mais privé de sa dimension gustative, art que maîtrisent les chefs pâtissiers. C’est là que réside toute la différence entre une simple image et une véritable œuvre d’art pâtissière. C’est la démocratisation de l’illusion visuelle, mais le secret des saveurs reste bien gardé.

Alors, prêts à vous faire piéger ? Le trompe-l’œil, qu’il soit pictural ou pâtissier, est un art qui nous émerveille et nous interpelle. Une belle preuve que l’illusion peut être aussi belle que la réalité (et parfois même plus gourmande).

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