Ciné, « A la recherche des Femmes Chefs » – Vérane Frédiani
Ciné, « A la recherche des Femmes Chefs » – Vérane Frédiani
Demain sort en salles « A la recherche des Femmes Chefs ». Un documentaire signé Vérane Frédiani, qui réalise là son premier film. Rencontre et interview avec la réalisatrice.
quelques mots sur le film
La place des femmes dans notre société est méritée ? Est-elle ce qu’elle devrait-être ?
La réalisatrice est partie à la rencontre d’une partie d’entre elles, des femmes chefs qui officient aux quatre coins de la planète, pour écouter ce qu’elles avaient à dire.
Sommelière, chef de cuisine, entrepreneur, cantinière, toutes sont créatives, talentueuses, compétentes et pourtant, au final, moins (re) connues et moins sollicitées que leurs homologues masculins. Déterminées, bosseuses, curieuses, cultivées, résistantes aux obstacles et aux échecs, ces femmes sont passionnées par leur métier et se révèlent d’une surprenante bienveillance vis à vis de l’univers dans lequel elles évoluent.
Un manque de parité étayé au cours du film par les propos de deux hommes, non chefs mais très au fait du milieu de la gastronomie. Luc Dubanchet, créateur de l’Omnivore food festival, au discours subtilement d’un autre temps et Franck Pinay-Rabaroust président et directeur de la publication du magazine gastronomique en ligne Atabula.
Anne-Sophie Pic, Adeline Grattard, Jacotte Brazier, Domininique Crenn, Elena Arzak, Alice Waters, Amanda Cohen, Clare Smith, Cristina Bowerman, Barbara Lynch, Alice Waters, Kamilla Seidler, Soledad Nardelli…ne sont que quelques uns des noms de ces femmes Chefs que Vérane a été rencontrer. Toutes ont apporté leur témoignage à la réalisatrice même si toutes ne figurent pas dans le film.
My Little Recettes : A la recherche des femmes Chefs est votre premier film en tant que réalisatrice, mais vous êtes loin d’être novice en matière d’images ?
Après ça, j’ai eu envie de laisser ma trace. Je voulais réaliser un film pour les femmes. La gastronomie me permettait d’évoquer tout ce qui me tenait à coeur et que je vois dans d’autres secteurs.
MLR : combien de temps pour réaliser ce film ?
MLR : sur la parité, le constat est sans appel et le film reste optimiste, pourquoi ?
J’ai totalement respecté leurs propos. Ces femmes s’estiment chanceuses d’être là où elles sont. Au quotidien, elles se battent comme des folles dans leur cuisine mais à l’extérieur elles ont beaucoup de mal à se vendre, à se sentir légitimes. On le voit, elles ne parlent pas du fait qu’elles sont très peu invitées dans les festivals, très peu reconnues dans les classements, très peu récompensées. Maria Canabal ’ Créatrice du Parabere Forum pour les femmes chefs, le fait avec son festival. Malheureusement elle a du mal à motiver ses troupes.
Il existe une solidarité, une entraide entre les femmes mais dès qu’on parle de féminité plus personne ne s’exprime. Peut être y a t-il un peu de peur de perdre tout ce qu’elles ont réussi à construire, de froisser les hommes qui les ont aidées à arriver là…. Elles ne savent même pas si elles sont nombreuses ou pas. Elles se battent pour se faire accepter mais, au même titre que les hommes, je pense qu’il faut savoir déléguer pour pouvoir faire avancer les choses.
MLR : Pourquoi Chef et pas Cheffe dans le titre du film ?
MLR : deux hommes sont invités dans ce reportage. L’un d’entre eux tient des propos surprenants. N’avez vous pas été tentée de le couper ?
MLR : au final pourquoi ces femmes sont elles aujourd’hui encore si peu présentes en gastronomie ?
Avec le film j’ai appris que celles qui se battent le mieux sont anglo saxones. Elles communiquent plus que les autres mais elles sont rares.
On s’est également construit une fausse histoire des femmes en cuisine ! Sur internet on ne retrouve pratiquement plus rien de ces femmes qui tenaient les cuisines de leur restaurant ou encore ces femmes qui animaient des émissions culinaires et étaient bel et bien là. Ce travail patrimonial est à faire d’urgence car on transforme notre histoire et aujourd’hui ce qui n’est pas sur le net n’existe pas donc il faut changer cela.
MLR : pourquoi le sujet de la famille n’apparait-il pas dans le film ?
MLR : qu’est ce qui vous a plus étonné chez ces femmes ?
Je pense aussi que déléguer et bien s’entourer est plus compliqué pour nous. Nous sommes perfectionnistes, c’est très féminin et ça nous nuit aussi. J’ai aussi été étonnée par leur insatiable curiosité. Elles ont une insatiable envie d’apprendre mais je pense que cela est plus lié au milieu de la gastronomie qu’au genre. Je pense que les hommes chefs sont aussi comme cela. Ces femmes pensent que chaque erreur est fatale alors que les hommes pas du tout. Il faut respirer un bon coup et avancer.
MLR : existe t-il des différences autres entre nos femmes chefs françaises et les autres ?
En France on a du social mais on a moins de reconnaissance. Les femmes sont encore traitées différemment. Ici on en est encore à vouloir être respectées.
MLR : quelles réactions aimeriez susciter à la sortie de la salle ?
La clé à tout cela passe, selon moi, par la formation abordée aussi dans le film. Un modèle mixte et paritaire entre garçons et filles dès le plus jeune âge est la clé.
informations pratiques
où le voir ?
Durée du film : 1H30
film écrit et réalisé : Vérane Frédiani
producteur : Franck Ribière